ORPHEE NOIR

D’après L’anthologie de la Nouvelle Poésie Nègre et Malgache
De Leopold Sedar Senghor

Juillet 98

Un théâtre au risque de la poésie
Le contenu de Anthologie est théâtral car récit pluriel d’une passion.

Le Rebelle : Il n’y a pas dans le monde un pauvre type lynché, un pauvre homme torturé, en qui je ne sois assassiné et humilié. (Césaire, Et les chiens se taisaient, p.72).
Sartre : Le Noir conscient de soi se représente à ses propres yeux comme l’homme qui a pris sur soi toute la douleur humaine et qui souffre pour tous, même pour le blanc.(p.XXXIV).
Là est la définition de la Passion, dans son sens premier, originel certes, mais aussi premier en tant que principe. La Passion est la souffrance absolue, la mort consciente d’elle-même. N’est-ce pas là le propre de l’esclave, l’"âme morte" mais qui ne puit s’y résoudre puisque précisément elle est âme, essence de son humanité.

Du même horrible paradoxe est né le théâtre grec surgi de ces Dionysies qui en célébraient la résorption au retour du printemps. Sous le charme de Dionysos, non seulement le lien d’homme à homme vient à se renouer, mais la nature aliénée – hostile ou asservie – célèbre de nouveau sa réconciliation avec son fils perdu, l’homme. (Nietzsche, La naissance de la tragédie, p.31).

Et ce n’est pas un hasard si la Passion du Christ fut le récit par lequel ressurgit le théâtre en Occident aux premiers temps du Moyen-Age. A la bonne nouvelle des Evangiles, fait écho l’ardente incantation de Césaire :

…mon cœur, préservez-moi de tout haine
ne faites point de moi cet homme de haine pour qui je n’ai que haine
car pour me cantonner en cette unique race
vous savez pourtant mon amour tyrannique
vous savez que ce n’est point par haine des autres races
que je m’exige bêcheur de cette unique race
que ce que je veux
c’est pour la faim universelle
pour la soif universelle
la sommer libre enfin
de produire de son intimité close
la succulence des fruits.

Jacques Prunair - Dramaturge

Metteur en scène : Moïse Touré

Dramaturgie Jacques Prunair

Scénographie, costumes : Catherine Calixte

Lumière : Remi Lamotte

Distribution

  • Ewlyne Guillaume
  • Martine Maximin
  • Moussa Théophile Sowie
  • Khalifa Jobarté
  • Serge Abatucci
  • Sidiki Bakaba
  • Jean Marc Padovani
  • Tadie Tuene